Marthe et mari ?
Qui connaît l'histoire de Marthe et Marie ? C'est, dans l'Evangile, une histoire qui m'a toujours un peu agacée.
Jésus est invité chez ces deux soeurs ; pendant que Marthe s'occupe de faire "un service compliqué" (et à cette époque il devait y avoir du boulot, bien plus encore que maintenant : pensez, pour la moindre gorgée d'eau, il fallait se procurer l'eau -puits, source?- avant de la purifier, etc...), Marie reste plantée aux pieds de Jésus à l'écouter. Au bout d'un moment, Marthe, entre deux plats, demande à Jésus d'intervenir pour que Marie lui donne aussi un coup de main".
Lui lui répond, je cite : "Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. C'est bien Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée".
De nos jours, Marthe aurait pu s'exprimer ainsi : "Hé ho Marie, tu as remarqué qu'il y a deux-trois choses à faire pour que notre invité ait quelque chose à se mettre sous la dent ? Et pi moi aussi j'aimerais bien écouter un peu ce qu'il a à dire, après tout ça a l'air intéressant, c'est le Messie quand même, et puis c'est mon tour d'abord. Alors tu bouge tes fesses et tu m'aides à mettre la table".
Sauf que manifestement Marie était tellement feignasse que lui demander un coup de main, c'était comme pisser dans un violon. C'est sûrement pour ça qu'elle commet l'erreur de demander à Jésus d'intervenir. Alors elle aurait pu dire "Dis, ça ne te dérange pas que je t'emprunte ma soeur deux secondes ? J'ai besoin d'un coup de main, on discutera tranquillement à table juste après, c'est sympa, merci !".
Quel serait le fond de la pensée d'un mâle quelconque aujourd'hui, placé dans le même genre de situation ? Je parie pour quelque chose comme :
"Holà, l'hystérique, ça va pas non ? On s'en fout que tu aies mis les petits plats dans les grands, ce que j'ai à dire est suffisamment intéressant pour qu'on fasse l'impasse sur la bouffe pour ce soir [Orgueil masculin? NDLR], s'il le faut on commandera une pizza ou quelque chose, alors arrête d'embêter ta soeur, c'est très agréable d'avoir un si bon public, elle a bien le droit de me regarder avec les yeux comme des soucoupes... et puis en plus ne compte pas sur moi pour vous servir d'arbitre dans vos histoires de nanas, je ne suis pas là pour me mouiller".
L'histoire ne dit pas si Marthe a continué à servir ou si elle a pris Jésus au mot en s'asseyant elle aussi pour l'écouter (histoire qu'il se rende compte lui-même qu'en allant jusqu'au bout de sa logique, l'apéro et le repas n'arrivent plus comme par magie sur la table). Bon, d'accord, c'était le Messie et sa présence nécessitait peut-être un brin d'adaptation de la répartition des tâches pour la soirée, mais l'attitude de Marie frise le "macha-isme" (macho femme).
Je suis sûre en plus que même aujourd'hui, si Marie avait été un homme, personne n'aurait remarqué qu'elle ne levait pas le petit doigt pour aider la femme de la maison.
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