Outil de travail (2)
Moi, ce sont les transports en commun que je prends... et il y a des choses que je pourrais faire en suivant le même raisonnement. Avec des conséquences moins dangereuses, certes, mais déplaisantes aussi.
Les transports en commun sont mon outil de travail, donc j'ai le droit d'en disposer à ma guise. Comme je suis une experte, j'ai tous les droits et nous ne sommes plus dans des locaux "communs" mais dans un lieu où j'ai la priorité. J'ai le droit absolu d'aller à la vitesse que je veux dans les couloirs de métro, et de râler bruyamment si quelqu'un me ralentit. Si c'est le cas, je peux le dépasser et le bousculer un peu, histoire de lui apprendre à faire comme tout le monde.
Il va de soi que je ne laisse sortir personne avant d'entrer dans mon wagon ou un bus, après tout c'est moi qui ai priorité ici. Je prends la place que je veux sur le siège, d'ailleurs, si je n'ai pas de siège, je m'arrange pour en avoir un, par exemple en faisant peur aux autres.
Les règles de vie en commun sont contraignantes. Cette femme enceinte, ce vieil homme ne sont pas réellement malades. Toutes ces règles qu'on nous impose ne sont que balivernes. Pas question que je leur cède une place assise, ça leur apprendra à être des assistés !... (là, j'ai piqué des idées à Hell/Acid Girl).
Je sais très bien prendre les transports en commun, donc c'est à moi d'en évaluer les dangers et d'en adapter les règles en conséquence. Je peux courir le long des quais, les règles de sécurité sont faites pour les moutons. Je peux jouer à m'accrocher aux portes dans les tunnels du métro, je vois bien, moi, que ça ne présente aucun risque. D'ailleurs, si je fais attention, je peux aussi traverser les voies. Je ne suis pas comme ces gens inexpérimentés qui prennent le métro tous les ans, moi.
Evidemment, si je n'ai pas de ticket ou si je tagge un mur et que je me fais prendre, je ne manquerai pas de pousser une gueulante contre ces salauds de contrôleurs qui n'ont rien d'autre à faire que de venir nous pomper notre fric pour remplir les caisses de ces pourris de politiciens. Je ne me reconnaîtrai aucune responsabilité dans ma mésaventure, ce serait trop facile.
Un peu beaucoup caricatural ? Certes. C'est parce que dans mon esprit utopiste, les automobilistes sont dans un espace commun, qu'ils devraient respecter.
Il faudrait décidément que je descende de ma planète de temps en temps.